Extraction de pétrole

(Crédit : David Ingram via Flickr)

Deux camps s’affrontent —littéralement, dans certains cas. D’un côté se tiennent ceux qui tirent de juteux profits des combustibles fossiles, bien déterminés à en intensifier l’extraction et la vente jusqu’à ce que le marché se tarisse. De l’autre côté, on retrouve ceux qui voient le potentiel incroyable de la conservation de l’énergie, des énergies renouvelables et des autres innovations pour réduire la pollution, les émissions de gaz à effet de serre, la destruction des écosystèmes et l’exploitation de précieuses ressources non renouvelables.

Malgré les initiatives internationales, comme l’Accord de Paris en 2015, fondées sur des décennies d’études et de preuves recueillies dans le monde entier sur l’origine humaine du réchauffement climatique, ceux qui sont prêts à mettre en péril la santé et la survie humaines pour faire des profits à court terme tirés d’une industrie destructrice en déclin semblent avoir l’avantage du terrain pour l’instant.

Aux États-Unis, l’élection d’un président et d’un vice-président qui réfutent l’existence même d’un réchauffement d’origine humaine et qui ont nommé des sympathisants et des barons de l’industrie à des postes clés illustre bien à quel point sont campés sur leurs positions ceux qui poussent les sources d’énergie et les technologies dépassées, mais encore rentables.

Les batailles sur le terrain s’intensifient, comme à Standing Rock, aux États-Unis, où les Sioux et leurs alliés luttent pour protéger leurs ressources en eau et leurs lieux sacrés contre l’oléoduc Dakota Access, long de 1 886 kilomètres, qui acheminerait du pétrole brut du Dakota du Nord à une raffinerie en Illinois, en passant sous des lacs et des rivières et en contournant à peine le territoire Sioux.

Les batailles idéologiques s’intensifient aussi. Le camp des combustibles fossiles dépense depuis longtemps des sommes énormes pour faire de la désinformation qui minimise ou nie la gravité des changements climatiques, aidés en cela par des politiciens, une armée de trolls sur Internet, des organismes opaques et des « groupes de réflexion ». La nouvelle administration américaine leur a donné un regain d’énergie.

Malheureusement, ceux qui ont la conviction qu’il faut continuer à brûler des combustibles non renouvelables polluants et nuisibles au climat bénéficient de ressources abondantes : organismes scientifiques climatosceptiques financés en secret, médias complaisants et politiciens sans éthique. Ceux d’entre nous qui souhaitent un avenir plus sain et plus sécuritaire se font mettre des bâtons dans les roues.

Heureusement, de nombreux facteurs jouent en notre faveur. Malgré les promesses du président américain, personne ne reviendra en arrière pour extraire et brûler des montagnes de charbon. Rendre sa grandeur à l’Amérique — ou à tout autre pays — ne signifie pas qu’il faille au 21e siècle revenir à une technologie du 18e siècle. Ce serait pire que si le président Theodore Roosevelt avait mis la compagnie Ford sur une voie de garage pour permettre au secteur des calèches de survivre.

La grandeur dont peut se vanter l’Amérique repose largement sur une action concertée du gouvernement et de la société en faveur de la science, de la technologie et des grandes idées, qui vont de l’envoi d’humains sur la lune à la conservation des paysages parmi les plus spectaculaires du monde dans son réseau de parcs naturels. Aujourd’hui, de nombreux politiciens et leurs petits amis de l’industrie des énergies fossiles ne semblent pas avoir allumé. D’autres, oui. Certains, comme Elon Musk de Tesla, développent des technologies de production et de stockage d’énergie propre qui rendent dépassés les combustibles fossiles.

Les avancées technologiques ont permis aux secteurs éolien et solaire de devenir concurrentiels et de croître rapidement. Le département de l’énergie américain a déclaré que le secteur de l’énergie solaire a, à lui seul, employé presque deux fois plus de gens dans la production d’électricité en 2016 que les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz réunis — 43 pour cent contre 22 pour cent pour les combustibles fossiles. Pendant ce temps, les centrales au charbon qui comblaient la moitié des besoins en électricité aux États-Unis en 2008 ont vu leur apport diminuer à 30 pour cent en 2016.

Les coûts de l’électricité à la consommation ont considérablement chuté au cours de la dernière année. D’autres pays et régions, dont certains états américains, sont rapidement passés de l’énergie fossile à l’énergie propre pour ainsi créer de bons emplois et de nouveaux débouchés économiques.

Pendant ce temps, de Standing Rock au Moyen-Orient, les pressions s’intensifient en faveur de la diminution de l’exploitation des réserves de combustibles fossiles. Les gens qui exigent du changement s’unissent et organisent de gigantesques manifestations dans le monde entier. Tout gouvernement qui persiste à appuyer des méthodes de production d’énergie conçues il y a des centaines d’années, lorsque l’on n’en mesurait pas bien les conséquences, que les populations étaient plus petites et que les conditions étaient différentes, est condamné à tirer de l’arrière, largué par le reste du monde qui bénéficiera des idées et technologies nouvelles.

Il est difficile de concevoir que tant de gens, surtout ceux qui sont au pouvoir, ne voient pas les nombreux avantages des progrès de la science et de la technologie. Il n’y aurait aucun conflit si chacun comprenait que l’air pur, l’eau potable, les terres agricoles saines et les écosystèmes équilibrés sont essentiels à la santé et à la survie de l’être humain.

Il est encore temps de remettre l’humanité sur la bonne voie. Toutefois, face à de puissants adversaires qui rejettent la science et les changements qui améliorent la vie des gens, l’heure n’est plus à la complaisance.

Traduction : Michel Lopez et Monique Joly